Qui sommes-nous ?

« Que serais-je sans toi » (Jean Ferrat) pourrait-il susurrer à l’oreille de son orgue de barbarie. Depuis qu’il est entré dans la vie d’Yves et de son épouse Christiane, cet avaleur de cartons perforés a bel et bien transformé leur existence. Il faut dire que tous les deux ont une passion : le chant. Depuis môme, quand l’une chantait dans la cour de son immeuble et recevait une pluie de bonbons, l’autre écoutait sa maman chanter. Adultes, ils courent les concerts « d’artistes connus et surtout inconnus ».

Une histoire de famille, de vie aussi. Adolescent, Yves avait bien tenté de pratiquer un instrument de musique, la guitare, « mais j’aurais voulu savoir jouer de suite ». Alors chanter, oui, « mais sans accompagnement, c’est difficile ». Il se souvient alors de sonorités d’orgue de barbarie entendues enfant, même si « je n’avais en mémoire que de vieilles rengaines ».

En 2006, l’un de des amis lui fait découvrir le festival d’Oingt (69). C’est une révélation, un coup de foudre. « Je me suis aperçu qu’il y avait bien d’autres registres, la chanson française, Ferrat, Brassens, La Rue Ketanou, de la musique classique, Bach, Chopin ou encore des musiques de films : Mission Impossible, la valse d’Amélie Poulain… » Yves vend la voiture pour aller acheter un bel orgue d’occasion mais il renonce : « je n’aimais pas sa sonorité ». Un soir, à quelques kilomètres de chez lui, il se rend chez M. Odin, un fabricant renommé. Il apprendra plus tard qu’il n’en reste que trois en France. « Je voulais prendre rendez-vous mais il m’a dit de rester et de conversations en chansons, la commande est passée. » Neuf mois d’attente (une véritable naissance), mais quand on aime on ne compte pas. Avec un décor sur mesure : la reproduction des deux enfants du catalogue Casino hiver 1935-36 et celle du store-banne des magasins Casino dessinée sur les triporteurs du Groupe des années 1930 !

L’instrument choisi fait partie des plus complets, à la fois à anches et à flûtes. Il est capable de jouer l’un ou l’autre registre ou les deux à la fois. Une harmonie qui convient à leurs deux fois, celle plus douce de Christiane, celle plus forte d’Yves. « Kiki Vonvon » est né. Ce groupe au drôle de nom ne fait que reprendre les diminutifs de leur prénom depuis qu’ils sont gamins, car c’est avec la générosité de l’enfance qu’ils interprètent leurs mélodies. Depuis, avec BOB (Bel Orgue Barbarie, c’est comme cela qu’ils l’ont baptisé) ils courent les festivals –30 000 km par an– lieux de rencontre de personnes qui les hébergent ou d’artistes avec qui partager un repas. Même un groupe de rock –moyenne d’âge 25 ans– n’a pas hésité à les inviter à une rencontre, tout surpris par la modernité des registres de cet orgue, tout sauf barbare. Yves « le tourneur d’orgues » reconnait jouer « trois chansons chaque matin, c’est ma thérapie ».

D’ailleurs plutôt que de se dire « Je n’aurai pas le temps » (Michel Fugain), ils préfèrent reprendre en cœur « Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux » (Ray Ventura), eux qui, précisément, n’ont pas attendu.

On parle de Kiki et Vonvon ici !